Limites des solutions préconisées par le Ministre de l’Education Nationale
Dans ce contexte marqué par la crise sanitaire du COVID19 ayant causé la fermeture des établissements scolaires publics et privés, le Ministre de l’Education nationale vient de proposer un dispositif d’enseignement à distance qui s’articule comme suit:
Photocopies de supports de cours et d’exercices dans les zones sans accès à l’électricité,
Création d’une télévision TNT en collaboration avec la RTS pour une couverture nationale,
Implication des autres chaines de télévision et des radios communautaires,
Apprentissage à partir des ressources numériques disponibles sur le SIMEN (Système d’Information du Ministère de l’Education Nationale).
Pour ce qui est de la mesure relative aux photocopies de supports de cours, il convient de noter que les zones concernées polarisent généralement des élèves de l’élémentaire et du Moyen (De la 6iem à la 3ièm) qui ont ainsi plus besoin d’interactions, d’explications et d’encadrement qu’ils ne pourront pas malheureusement avoir pour assimiler correctement les connaissances.
Concernant les autres propositions liées à la diffusion de cours à la télé ou via internet, nous tenons à faire les observations suivantes :
La Constitution du Sénégal proclame dès son préambule, « l’égal accès de tous les citoyens aux services publics ». La loi N° 91-22 du 16 Février 1991 portant orientation de l’éducation nationale, modifiée, stipule dans son article 5 que « l’éducation nationale est démocratique. Elle donne à tous des chances égales de réussite. »
Partant du principe que pour pouvoir bénéficier de cours dispensés à travers les médiums cités ci-dessus, il faut nécessairement disposer d’électricité, et que selon l’ASER (l’Agence Sénégalaise de l’Electrification Rurale), le taux d’électrification dans les zones rurales est d’environ 43%, plus de la moitié des élèves du monde rural seront laissés en rade en violation flagrante des textes de lois réglementant le sous-secteur.
En outre, même ceux qui ont accès à l’électricité n’ont pas tous des postes téléviseurs, ordinateurs, tablettes ou smartphones. Et pour ce qui est des cours à travers les ressources numériques, il se posera toujours des problèmes de connection et de connectivité, car non seulement l’internet coute cher dans notre pays et la pauvreté est galopante, mais le réseau est toujours défaillant.
Bref, la proposition de récupération de l’année faite par le Ministre de l’éducation nationale ne repose sur aucun fondement légal, scientifique ou pédagogique. Elle exclut d’office les élèves issus de milieux défavorisés. En d’autres termes, ce n’est qu’un condensé de mesures populistes et démagogiques destinées à asséner un ultime coup de grâce à un système d’enseignement déjà au bord du gouffre.
A la vérité, cette proposition de la tutelle qui exclut l’écrasante majorité des enfants de ce pays, qui n’offre aucune possibilité d’évaluation formative ou de validation des acquis, donc qui ne permet en aucune manière de mesurer le niveau d’atteinte des objectifs fixés, est tout simplement dangereuse et doit faire l’objet d’un rejet populaire.
Enfin, nous voulons dire au peuple sénégalais que personne ne doit se réjouir de la validation d’une année scolaire dont les enseignements apprentissages ne se sont pas déroulés correctement, car les conséquences seront incommensurables dans notre marche déjà difficile vers le développement économique et social.
Propositions du CUSEMS Authentique pour sauver l’année scolaire: Reprise des cours en deux phases
Pour les élèves des classes d’examen
Quelle que soit l’évolution de la maladie du COVID19, les élèves en classe d’examen reprennent le chemin de l’école à partir du 21 Avril à 8h.
En sus de la mise en place d’un dispositif pour le respect des mesures d’hygiène et des gestes barrières (distribution de masques à tous les acteurs et disponibilité de systèmes de lavage des mains à l’entrée des établissements), les classes d’examen sont éclatées selon la taille en raison de 20 élèves au maximum dans le but d’avoir des effectifs réduits.
Au niveau de l’élémentaire, sous la supervision du Directeur d’école et du maitre de la classe de CM2, chaque maitre de classe préparatoire va recevoir un lot d’une vingtaine d’élèves en charge. Il en sera de meme pour les classes de 3ièm au niveau des Collèges et des classes de Terminale pour les Lycées. Le taux d’encadrement sera ainsi très élevé et l’on pourra progresser plus rapidement et faire les rattrapages nécessaires.
Il sera procédé à une nouvelle disposition des tables bancs respectant le principe d’un élève par table et la distance sociale conseillée par les personnels de santé.
Pour éviter tout rassemblement dans la cour de l’école, les élèves resteront dans leurs différentes salles pendant les heures de pause sous la supervision des surveillants de niveau renforcés.
A la descente, les différentes directions veilleront à ce que les élèves se dispersent et rentrent tranquillement chez eux.
Toutes les évaluations du second semestre seront faites au courant du mois de Juillet 2020. Les examens du CFE et de l’entrée en 6ièm auront lieu en fin Juin et les examens du BFEM et du BAC à la même période en début Aout (Les professeurs du Moyen corrigeront les épreuves du BFEM et ceux du Secondaire corrigeront les épreuves du BAC).
Pour les élèves des classes préparatoires
Les élèves des classes préparatoires sont provisoirement laissés en rade en attendant l’évolution du COVID19 sur l’étendue du territoire.
Si la maladie est vaincue avant la fin de l’année, les élèves des classes préparatoires retournent à l’école et on reprend le cours normal des choses.
Si le COVID 19 n’est pas maitrisée jusqu’en fin d’année, on programme la reprise de leurs cours en début Septembre. De Septembre à Novembre, des cours de rattrapage seront
organisés pour eux, suivis des compositions du 2nd semestre vers la fin du mois de Novembre pour valider leur année.
Des mesures d’accompagnement sous formes d’indemnités spéciales allouées aux enseignants qui vont écourter leurs vacances et aux autres personnels seront prises à partir du Fond Covid19 mis en place à cet effet.
En rapport avec les autorités locales ( Gouverneurs, préfets, sous-préfets, maires et chefs de villages), des mesures exceptionnelles seront prises dans les zones ou existent encore des abris provisoires, pour mettre les élèves, les enseignants et le personnel administratif à l’abris des précipitations et des intempéries liées à l’hivernage.
NB : L’éducation de nos enfants étant l’affaire de tous, il revient au peuple souverain d’évaluer les différentes propositions et d’arbitrer.
Dame MBODJI, Secrétaire Général National du CUSEMS Authentique – Tel : 775731808
Fait à Dakar, le 13 Avril 2020.
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