novembre 24, 2024

IRATV – ISSN 2730-437X

Marseille : Ses titres, sa relation avec Pape Diouf, Souleymane Diawara se confie !

Suivant les conseils de Pape Diouf, Souleymane Diawara avait rejoint  en 2009 Marseille où il va s’imposer comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat français. Et depuis, il a gardé une excellente relation avec l’ancien président de l’OM. Dans un entretien accordé au « Peuple Olympien », celui qui est aujourd’hui actionnaire de l’Athlético de Marseille, a évoqué sa relation avec le défunt (emporté par le Covid 19), ses titres avec le club, bref, son aventure marseillaise.

Comment as-tu vécu cette période de confinement ?

Je l’ai vécue comme tous les Français. On n’avait pas le choix. On a tous pris notre mal en patience. Je suis resté chez moi et j’ai respecté les consignes de la meilleure façon possible.

Peux-tu nous parler de ton projet avec l’Athlético de Marseille (National 2) ? Quel est ton rôle au sein du club ?

À l’Athlético, je suis actionnaire avec Cyril Hanouna et Mamadou Niang. Ce projet me tient à cœur car c’est important pour moi de redonner au football ce qu’il m’a donné. C’est-à-dire aider les jeunes des quartiers à s’en sortir par le sport. L’objectif, c’est aussi d’éviter qu’ils fassent des bêtises. Donc, lorsqu’il s’est proposé à moi, ce projet m’a tout de suite plu. Aujourd’hui, je suis l’équipe de l’extérieur car je ne suis pas sur le terrain, même s’il m’arrive parfois de donner des conseils aux défenseurs lorsque le coach m’y autorise.

Quels sont les objectifs pour le club ?

Monter, monter et encore monter ! J’ai eu la chance de jouer en tant que professionnel. Et l’objectif c’était d’aller le plus haut possible. Mais il ne faut pas s’enflammer… Le football fonctionne étape par étape. Pour l’instant, la Ligue 1 est encore loin, mais ça fait partie des objectifs du club.

Tu penses vraiment qu’il y a la place pour deux clubs à Marseille ?

Marseille est une grande ville ! Lorsqu’on regarde avec attention, dans tous les pays, il y a deux clubs dans chaque ville. C’est le cas à Milan, à Madrid, à Manchester, etc. Il n’y a qu’en France qu’on ne retrouve pas deux clubs d’une même ville en première division. Ça serait beau si on arrivait à faire ça à Marseille (rire).

On entend beaucoup parler d’un intérêt de Mourad Boudjellal. Il est intéressé par le projet ?

Il y a des échanges entre lui et le club, mais pour l’instant rien n’est fait. Nous l’avons rencontré dans un cadre amical et nous avons évoqué beaucoup de sujets. Nous avons parlé de rugby et de football. C’est un sport qu’il aime beaucoup. Mourad Boudjellal est une personne très intéressante. Donc à l’avenir pourquoi pas, mais encore une fois, à ce jour il n’y a rien du tout.

Il y a 10 ans, l’Olympique de Marseille était champion de France. Quel souvenir gardes-tu du match contre Rennes au Vélodrome ?

Celui d’un match exceptionnel ! Ça faisait très longtemps que le club n’avait pas remporté de titre, hormis la Coupe de la Ligue quelques semaines plus tôt… Mais ce match était tendu car on ouvre le score, on se fait rejoindre puis il y a Mamad’ (Niang) qui marque et ensuite Lucho Gonzalez enchaine et il nous délivre. À ce moment-là, l’ambiance dans le stade était magnifique et électrique. Les supporteurs ont chanté du début à la fin. C’était inoubliable.

C’était quoi la force de cet Olympique de Marseille 2009-2010 ?

L’état d’esprit. On avait la chance d’être entourés d’un staff qui connait le très haut niveau. Et puis il y avait de l’homogénéité dans le groupe avec des jeunes et des joueurs plus expérimentés. Tout le monde tirait dans le même sens. Sans cet état d’esprit, c’est très difficile d’avoir des résultats.

En juillet 2009, qu’est-ce que tu te dis quand tu apprends que l’OM s’intéresse à toi ?

J’étais très fier qu’un tel club s’intéresse à moi. À l’origine, c’est Pape Diouf, lorsqu’il était encore président de l’OM, qui m’avait déjà parlé d’un transfert quand j’étais à Bordeaux. Moi j’étais sous contrat. Donc, je lui avais dit de parler directement avec mon club. Pour l’anecdote, durant ce mercato, avant que l’OM me sollicite concrètement, le Paris Saint-Germain était intéressé par mon profil.

Qu’est-ce qui a fait la différence entre l’OM et le PSG ?

J’avais la sensation que Marseille me voulait beaucoup plus que Paris. Le président Pape Diouf et le coach Didier Deschamps me montraient qu’ils me voulaient vraiment et c’est quelque chose de très important pour moi, même s’il y avait peut-être un peu plus d’argent en face. Et puis il y avait Mamadou Niang, dont je suis très proche, qui n’arrêtait pas de me parler de l’OM. Il me disait que j’allais kiffer, la ville, le stade…

Tu avais la réputation d’être un joueur rugueux. Qu’est-ce que tu faisais en match pour intimider ton adversaire ?

Rien de spécial. Tu passes devant lui, tu lui montres tes crampons, tu lui fais ressentir que tu es présent dès le premier contact. Mais attention, je ne suis pas le genre de joueur qui essaye d’intimider son adversaire de manière verbale… J’ai essayé de faire ça une fois, mais ça n’a pas marché du tout (rire). Le joueur en question c’était Cristiano Ronaldo, mais c’était un monstre, il n’y avait rien à faire !

Quel effet ça fait de jouer Ligue des Champions ?

Quel joueur n’aimerait pas jouer dans les plus beaux stades du monde contre les plus grands clubs du monde ? C’était un rêve ! Quand j’étais plus jeune, je me disais que je voulais jouer la Ligue des Champions. Puis j’ai eu l’occasion de le faire avec Bordeaux et l’OM. C’était un régal. Mon meilleur souvenir dans cette compétition c’est le but de Brandao à San Siro contre l’Inter en 2012 (défaite 2-1) avec son contrôle du dos qui nous envoie en 1/4 de final. On avait tous les bras levés, c’était un grand moment de bonheur.

Tu as aussi connu la Première League  avec Charlton. Tu peux nous parler de cette expérience anglaise ?

Sur le plan personnel, je me suis régalé là-bas. C’était une expérience inoubliable car j’ai découvert un autre championnat et une autre mentalité avec un esprit de compétition que je n’avais jamais vu. Par exemple à l’entrainement c’est très dur ! Il n’y a pas de différence avec les matchs. Ils sont tout le temps à fond, il n’y a pas de tricheur. Lorsque je suis arrivé je me suis dit : « Mais comment ils font ces mecs ? ». Au début c’était un peu dur car l’arbitrage n’est pas le même qu’en France et les gros contacts physiques ne sont pas forcément sifflés. En match, les quatre premiers mois, je me faisais jeter en l’air (rire). Puis, au bout de quelques matchs, j’ai commencé à monter en agressivité et j’ai vu que les arbitres ne sifflaient pas…  Tout au long de cette saison, l’intensité m’a vraiment impressionné et j’ai beaucoup appris.

On parle souvent de l’hygiène de vie des footballeurs. En quoi c’est important d’être sérieux en dehors du terrain ?

C’est très important car le joueur le ressent directement sur le terrain. Par exemple, l’alimentation est une donnée à prendre en compte. Tu ne peux pas faire n’importe quoi et te permettre de manger un kebab la veille d’un match car tu vas être tout mou sur le terrain. On connait notre corps et rien que de prendre 500 grammes tu vas le ressentir dans tes premières foulées.

C’est plus fort un titre de champion de France avec Bordeaux ou avec l’OM ?

C’est différent. Un titre reste un titre. Donc, il ne faut pas sous-estimer l’un ou l’autre. Avec Bordeaux, c’était mon premier. Donc, j’en garde un souvenir précieux. Après c’est vrai qu’à Marseille c’était la folie juste pour la première coupe de la Ligue qu’on a gagnée en avril 2010. Le Vieux-Port était en feu et là je me suis dit « C’est quand même autre chose » (il siffle). Et pour le titre, c’était encore autre chose avec presque 120 000 personnes qui nous attendaient entre l’aéroport de Marignane et le Vieux-Port. C’était incroyable ! Les gens se jetaient dans le port, il y avait des fumigènes… C’est des images que je ne peux pas oublier.

Tu conseillerais à un joueur de rejoindre l’Olympique de Marseille ?

Pas besoin de le conseiller ! Tous les joueurs le savent, ne serait-ce que quand ils viennent jouer au stade, en tant qu’adversaire, ils ressentent l’ambiance. Alors lorsque tu es joueur c’est ton quotidien : il y a le stade mais aussi la ville. À Marseille, le foot c’est une religion. Tout le monde vit pour lui. Je suis totalement d’accord avec André-Pierre Gignac lorsqu’il dit « Si tu es joueur et que tu as l’opportunité de porter le maillot de l’OM, il faut le porter ».

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué au Stade Vélodrome ?

Une fois, on jouait contre le Paris Saint-Germain et avant le match c’était hallucinant… Le stade était plein à craquer, ça criait dans tous les sens. Et dès l’échauffement, on sentait que ça allait être particulier. Quand la situation sportive est bonne, c’est dingue. Mais quand les résultats ne sont pas là, tu le ressens aussi. Mais c’est ça qui fait que tu kiffes car quand tu es joueur de l’Olympique de Marseille tu sais que tu dois être à 100%

Quel lien entretenais-tu avec Pape Diouf ?

Avec Pape j’avais une relation presque père-fils. Il avait toujours de bons conseils à me donner et lorsque j’avais besoin de quelque chose je l’appelais. Ce que j’aimais chez lui c’était son honnêteté. C’était mon exemple. Et puis c’est lui qui m’a fait venir à Marseille peu de temps avant son départ de la présidence du club en 2010. Mais même avant cela nous étions proches et nous déjeunions ensemble parfois avec lui et Mamadou Niang. Par exemple, un jour au restaurant, je sortais de ma première année avec Bordeaux et le FC Séville voulait me faire signer chez eux. J’ai profité de l’occasion pour demander à Pape ce qu’il pensait de cette offre. Il m’a dit : « Séville c’est un bon club mais pour l’instant reste à Bordeaux ». Peut-être qu’il avait déjà l’idée de me faire signer à l’OM dans un coin de sa tête… (rire)

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