De Yeggo aux équipes de jeunes du Sénégal, en passant par l’US Gorée, Roger Gomis a connu une ascension fulgurante. Alliant puissance, technique et régularité, le natif de Ziguinchor a connu son heure de gloire en 2015 avec l’équipe nationale U20 (il disputa plusieurs tournois majeurs dont le mondial de la catégorie). Le jeune milieu de terrain déposa par la suite ses valises à Marioupol (Ukraine), réalisant ainsi un rêve de gamin. Mais une grave blessure freinera l’élan du capitaine des « Lionceaux », l’obligeant à résilier son contrat et de revenir au pays. Aujourd’hui, le champion du Sénégal (avec l’US Gorée lors de la saison 2015-2016) tente de rattraper le temps perdu avec le Teungueth FC. Dans cette seconde partie de l’entretien qu’il nous accordé, Roger Gomis revient sur sa grave blessures, ses plus beaux moments en sélections, mais aussi son souhait de tenter une nouvelle fois sa chance à l’étranger.
Roger, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Tout a commencé à Ziguinchor, dans mon quartier. J’avais l’habitude de jouer avec des amis de mon âge. Bien qu’étant dans les études, je faisais du football aussi à côté. Parfois, je venais à Dakar pour des vacances, avant de repartir. Par la suite, je me suis installé à Dakar om j’ai une famille, pour continuer le football. Dans la capitale, j’avais rejoint Yeggo en petite catégorie. A l’époque, le club était en partenariat avec l’AS Saint-Etienne (NDL : D1 France). J’avais même eu à faire des tests avec les recruteurs de ce club. A l’époque, c’est Boucounta Cissé qui avait la gestion de l’équipe U17 du Sénégal. Il était de passage à Yeggo pour suivre quelques joueurs. Il m’a vu jouer ce jour-là et il m’a retenu dans sa présélection pour les éliminatoires de la Coupe d’Afrique 2011 au Rwanda. Nous avions joué cette Can au Rwanda. Et après cette Coupe d’Afrique, Me Augustin Senghor qui était avec nous m’a parlé. Il voulait que je rejoigne son club qui est l’US Gorée. Il m’a convaincu et j’avais rejoint l’US Gorée. Et c’est avec ce club que j’ai connu les plus beaux moments de ma jeune carrière. J’ai eu la chance d’être appelé en équipe nationale U20, mais aussi avec les Olympiques. Avec Aliou Cissé, nous avions participé au tournoi de la Francophonie à Nice (France). J’ai également eu à disputer le tournoi de l’Uemoa, de l’Ufoa, les Jeux africains de Brazza, mais aussi la Can U20 avec le Sénégal.
Vous avez effectué des tests en Norvège. Pouvez-vous nous en parler ?
Avant d’aller en Ukraine, j’avais déjà fait la Norvège. Je devais même signer à Sarpsborg, là où Krépin Diatta a débuté (NDL : international sénégalais qui joue aujourd’hui au Club Bruges, Belgique). J’étais parti bien avant Krépin. J’avais effectué la visite médicale avec succès et je devais signer. Mais il y a eu quelques détails avec mon club et cela ne s’est pas concrétisé. Je suis finalement rentré au Sénégal. J’avais retrouvé mon club l’US Gorée et nous avions gagné le championnat du Sénégal cette année. Et par la suite que je suis parti en Ukraine.
Alors que vous étiez à deux doigts de signer, tout s’écroule. Comment gérez-vous ces moments-là ?
C’est quelque chose de très difficile. Personnellement, j’étais déçu. Si tu n’as pas le mental, tu ne vas pas t’en remettre. Tu vas tout simplement craquer. Imagine quelqu’un qui quitte les siens, la famille compte forcément sur lui. Tu sais que tu devais signer, mais il y a de petits détails qui gâchent tout. Et tout ce qui te reste, c’est de rentrer. Ce n’est pas du tout facile. Mais comme j’ai souvent l’habitude de le dire, c’est la vie. Et nous devons faire face, trouver la force nécessaire pour se relever. Parfois, le talent à lui seul ne suffit pas. Nous connaissons énormément de joueurs dont le talent n’est plus à disputer. Mais ils n’ont jamais eu la chance de réussir dans le football. C’est aussi ça la vie.
Vous étiez rentré au Sénégal, suite à des blessures en Ukraine. Expliquez-nous cette période trouble de votre carrière ?
Ce fut un moment difficile et j’ai beaucoup galéré. J’étais dans le championnat ukrainien et j’avais commencé à me retrouver. Jusque-là, je n’ai pas atteint mon niveau de l’époque. C’est quand j’ai commencé à rêver que j’ai eu cette blessure. Elle a freiné ma progression. Cela a été difficile pour moi, mais aussi pour ma famille. Mais nous sommes des croyants et nous remettons ça entre les mains de Dieu. Si je n’avais pas le mental, j’allais peut-être abandonner le foot. Mais c’est une blessure qui m’a beaucoup fatigué. Cette blessure revenait tout le temps et je suis dit que j’ai encore le temps d’aller me soigner pour revenir plus fort. Mais aujourd’hui, je rends grâce à Dieu, je commence à rejouer et c’est déjà bien. Quand cette blessure a commencé à me fatiguer, je n’avais qu’une seule idée en tête ; c’était de rentrer et me soigner. Malgré la blessure, j’avais beaucoup de contacts. Mais je ne pouvais pas m’engager car je devais me soigner avant tout.
Vous êtes aujourd’hui au Teungueth FC. Espérez-vous toujours retourner en Europe ?
Bien sûr ! Comme on a l’habitude de dire, il faut reculer pour mieux sauter. J’ai signé un contrat d’une année et demi. Je vais essayer de retrouver mon meilleur niveau. Et cela passera par la compétition. Je suis là pour donner le meilleur de moi-même et si Dieu décide que je dois repartir, cela se fera. Cela fait partie de mes objectifs de repartir, mais pas n’importe comment aussi. Je ne veux pas aussi aller dans un championnat où ça ne va pas. Je travaille pour me donner les moyens d’y arriver. Et l’avenir nous édifiera.
Quels sont vos relations avec vos anciens coéquipiers qui sont aujourd’hui en équipe nationale ?
Nous gardons toujours le contact. Pas plus qu’avant-hier (Ndl : dimanche), j’ai échangé avec Rémi Nassalan qui est un frère. C’est également le cas avec Ibou Sy qui joue à Monaco. Nous échangeons souvent et ce sont des amis. Je le fais également avec d’autres comme Moussa Wagué. C’est juste pour vous dire que nous gardons toujours le contact.
Quel est votre plus beau souvenir dans votre carrière de footballeur ?
Je dirai sans doute l’année 2015, d’une manière globale. Cette année-là, elle me marquera pour toujours. Nous avions non seulement disputé la Coupe d’Afrique, mais surtout la Coupe du monde avec l’équipe nationale U20. C’étaient vraiment des moments forts de ma carrière. Il y a eu aussi l’année 2013 avec le tournoi de l’Ufoa au Ghana. Nous avions perdu en finale contre le pays organisateur, mais je dirai que nous méritions de gagner. J’avais été désigné meilleur joueur de la compétition. Cela m’a beaucoup marqué aussi.
Quel est votre pire souvenir en carrière ?
Je pense que mes blessures sont mes pires souvenirs. Je dirai même que cela m’a empêché de réaliser mon rêve. J’ai souvent étais dans des moments om il fallait passer à une autre étape, mais les blessures revenaient toujours. Cela freine un peu votre progression. Mais nous sommes des croyants et nous laissons tout entre les mains de Dieu. C’est Lui qui décide pour nous.
Quel regard portez-vous sur l’équipe nationale du Sénégal, avec l’arrivée de jeunes?
C’est une bonne chose et cela montre que le coach a confiance aux jeunes. L’avenir, c’est la jeunesse. Vous savez en football, la base, c’est surtout la petite catégorie. Cette jeunesse est matérialisée par la présence dans l’équipe des Sidy Sarr, Mamadou Loum Ndiaye. Ce sont des gens avec qui j’ai eu à jouer. Et je suis content de les voir à ce niveau. Nous sommes de la même génération en équipe nationale U20. Je suis toujours collé à cette équipe nationale et je suis content de son évolution. Aujourd’hui le Sénégal, tout le monde en parle. L’équipe a fait une belle coupe du monde, avant d’en faire de même avec la Can. Ils nous ont fait rêver et c’est toujours plaisir de les voir jouer. Je ne peux que souhaiter bonne chance au coach et à ceux qui sont là aujourd’hui à défendre le drapeau national.
Intégrer l’équipe nationale A est-il toujours dans vos plans ?
J’ai connu toutes les catégories jeunes en équipe nationale et je rends grâce. Mais comme vous le savez, rien n’est impossible dans la vie. Je sais qu’en ce moment, ce sera compliqué avec la situation. Mais je garde toujours espoir. Si j’ai la chance d’y être un jour, ce serait vraiment formidable. Mais en attendant, je continue d’être un supporter de l’équipe nationale. C’est Dieu qui décide des choses.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui rêvent tous de rejoindre l’Europe ?
Je leur demanderai surtout de ne pas se précipiter. Ce n’est pas du tout facile, mais il faut croire en soit et travailler dur pour réaliser ses rêves. Les choses ne se passent pas souvent comme on le souhaite. Mais il ne faut jamais baisser les bras. Continuez de vous donner à fond et laissez le reste entre les mains du bon Dieu.
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