Nous sommes à trois (3) mois de l’élection présidentielle du 24 février 2024. Les différents états-majors politiques sont mobilisés dans les opérations de parrainages, préalable incontournable à toute candidature à l’élection présidentielle. Ce processus, ainsi que les différentes phases prévues au calendrier électoral, est programmé et confirmé par arrêté ministériel. Tout porte donc à croire que le peuple sénégalais, comme à son habitude, votera dans la sérénité à date échu.
Cependant et, en raison de feuilletons judiciaires interminables, une atmosphère pré-électorale tendue règne au sein de la classe politique sénégalaise. Celle-ci transmets des ondes négatives à l’opinion publique nationale, assiégée par la multiplication des moyens de diffusion et de transmission rapide des informations. Des fuites organisées essaiment dans la presse. Des allusions, voire des accusations, de toutes sortes circulent dans les réseaux sociaux. Dans le même temps le dialogue, entre le pouvoir et l’opposition, sur les sujets essentiels qui préoccupent les citoyens électeurs, est inexistant. Malgré quelques effets d’annonce et des séances solennelles au palais de la République non suivies d’effet. Les monologues parallèles, bien des fois improductifs, caractérisent la scène politique sénégalaise. Il faut donc constater que notre démocratie est en état de grippe sévère et qu’il est largement temps de créer les conditions d’un traitement vigoureux des signes de faiblesse qui la mettent en danger.
C’est dans ce contexte qu’est née l’Initiative Jog Ngir Senegaal. Elle regroupe des citoyens d’origines diverses ayant capitalisé des expériences socioprofessionnelles différentes et variées. Mais, nous avons en commun le fait de n’être les militants d’aucun parti politique. Même si nous assumons nos sympathies, nous souhaitons continuer à exercer notre sens critique. Par ailleurs, aucun de nous n’est candidat à l’élection présidentielle.
Cela étant dit, la crise de confiance de plus en plus exacerbée qui sévit entre les gouvernants et les administrés traduit les conséquences d’une mal gouvernance endémique qui est pourtant la corde sensible sur laquelle tirent tous ceux qui aspirent à diriger ! A l’expérience, les plus virulents pourfendeurs de la mauvaise gouvernance s’en rendent coupables dès leur accession aux commandes. Ce paradoxe, et non des moindres, doit être résolu par le renforcement des institutions et corps de contrôle, en amont comme en aval de l’accès à l’exercice de mandats électifs. De la déclaration préalable de patrimoine, à l’audit régulier et aux inspections systématiques, les serviteurs de l’Etat et de ses démembrements doivent être irréprochables. S’ils veulent inspirer respect et confiance aux usagers, en plus de donner le bon exemple au secteur privé national et international.
Ainsi, notre première attente à l’endroit des futurs candidats à l’élection présidentielle de 2024 portera sur un engagement ferme sur la restauration de l’Etat de droit, la bonne gouvernance des ressources publiques et l’administration saine de la justice tant chahutée ces dernières années. Dans ce contexte un rappel de la responsabilité toute particulière des organes et professionnels de la presse est nécessaire et impératif. Quatrième pouvoir comme il est courant de l’entendre dire, la presse est un recours pour la défense de la démocratie lorsqu’elle enquête et vérifie des allégations de mauvaise gouvernance. Elle joue son rôle de prévention lorsqu’elle met en lumière les risques de préjudices susceptibles d’être causés à l’intérêt général en diffusant, a temps, la bonne information. Or, il semble que des dérives, de plus en plus patentes, soient notées dans le champ médiatique sénégalais. La création tous azimuts de journaux saisonniers ou de chaines de radios et télévisions via internet qui sont autant d’espaces propices à la prolifération de lobbies de toutes sorte sert de courroie de transmission d’une forme de corruption qu’il va falloir juguler.
Pendant ce temps des sujets cruciaux pour l’intérêt supérieur de notre nation sont absents du débat public. A titre d’exemple, prenons ce qui concerne les revenus issus de l’exploitation des ressources minières et pétrolières et leur allocation aux collectivités territoriales. A la page 128 du rapport ITIE de 2021, il est indiqué ce qui suit: « dans la pratique, deux arrêtés de transfert ont été établis respectivement en 2011 et en 2017. Selon les deux arrêtés le montant total à verser aux collectivités territoriales était fixé à 7,640 milliards de FCFA, représentant les recettes entre 2010 et 2015. Toutefois, la formule de calcul du montant alloué n’a pas été précisée. PAR AILLEURS, NOUS COMPRENONS QUE LES DEUX ARRÊTÉS PRÉCITÉS N’ONT PAS ETE EXÉCUTÉS. PAR CONSEQUENT, AUCUNE AFFECTATION AU FONDS DE PEREQUATION N’A ÉTÉ OPEREE » La question est de savoir où passe cet argent qui était destiné aux collectivités territoriales depuis des années.
Tous les autres rapports de L’ITIE, année après année, disent la même chose. Ces rapports sont disponibles en ligne. Un suivi du cours de cet argent destiné aux collectivités territoriales serait important. Ainsi qu’un audit des allocations passées. Ont-elles été effectivement versées ? Quel usage en ont fait les collectivités territoriales destinataires ? Avec quel impact significatif sur le mieux-être des populations ?
Telles sont les questions que nous posons aux autorités en charge en demandant à la presse de faire son travail d’investigation pour éclairer l’opinion nationale.
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