
Sénégal : Le Naufrage des Institutions de Contrôle
La gouvernance repose sur un principe fondamental : la responsabilité. Lorsque les institutions censées garantir la transparence et l’intégrité de l’administration publique échouent dans leur mission, c’est tout l’édifice démocratique qui vacille. La Cour des Comptes, pierre angulaire du contrôle des finances publiques, se trouve aujourd’hui au cœur d’un scandale révélateur d’une profonde crise institutionnelle.
Où Était la Cour des Comptes ?
Entre 2019 et 2024, des irrégularités massives ont été commises dans la gestion des ressources publiques, mais c’est seulement après le départ du régime précédent que l’Inspection Générale des Finances (IGF) a levé le voile sur ces dysfonctionnements. Pourquoi cette inertie ? La Cour des Comptes, institution censée anticiper et dénoncer les dérives, est restée passive. Son rôle n’est pas d’attendre la fin d’un cycle politique pour agir, mais bien d’être un organe de vigilance permanente.
Le silence de cette institution durant des années pose une question cruciale : est-elle encore capable d’accomplir sa mission sans interférence politique ? Sa crédibilité est aujourd’hui en jeu. Face à une telle défaillance, une remise en cause profonde de son fonctionnement s’impose.
Une Crise Qui Plombe l’Image du Sénégal
Les révélations récentes ont une conséquence immédiate : elles ternissent l’image du Sénégal, jadis reconnu pour la solidité de son administration. Ce n’est pas seulement une question de gouvernance, mais aussi de confiance des citoyens envers leurs institutions. Lorsque l’État devient incapable d’assurer la transparence, il nourrit un sentiment d’abandon et d’injustice au sein de la population.
Mais l’histoire semble se répéter. Après chaque scandale, l’indignation monte, les débats s’enflamment, puis tout retombe dans l’oubli. Les responsables demeurent en poste, le système se perpétue, et les citoyens, eux, continuent de subir les effets d’une mauvaise gestion des finances publiques.
La Nécessité d’un Choc Institutionnel
Le Sénégal ne peut plus se permettre de fonctionner sur un modèle où les institutions de contrôle ne jouent leur rôle qu’à géométrie variable. Une refonte complète de ces organes est nécessaire pour garantir leur indépendance et leur efficacité.
Cela passe par plusieurs mesures :
Un renforcement de l’indépendance des institutions de contrôle, pour les protéger de toute pression politique.
Une obligation de reddition de comptes, avec des mécanismes de suivi et des sanctions effectives contre les manquements.
Un contrôle citoyen accru, via une transparence totale des rapports et des procédures d’audit.
L’ancien président américain Barack Obama l’avait bien résumé : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes. » Ce principe s’applique pleinement au Sénégal. Tant que la justice et les organes de contrôle ne seront pas capables d’agir en toute indépendance, les alternances politiques ne seront que des changements de visages, sans impact réel
Alioune Ndiaye Expert en développement international Écrivain Militant de la Transformation Nationale
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