novembre 24, 2024

IRATV – ISSN 2730-437X

Moussa Togola, combattant MMA : «Cette discipline est un facteur de développement»

Il est talentueux, ambitieux et ne se fixe pas de limites. A 33 ans, Moussa Togola a fini de se faire un nom dans le MMA (Mixed martial art) au niveau local. Sportif dans l’âme, il a taquiné plusieurs disciplines, même si le MMA et le rugby demeurent ses préférences. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, celui qui compte six victoires en autant de combats est revenu sur sa riche carrière, ses ambitions, mais aussi son souhait de voir le MMA émerger au Sénégal où la lutte avec frappe semble régner en roi.

Moussa, à quel âge avez-vous débuté le sport ?

Je suis né avec le sport car mon papa a été un grand sportif. Comme tout enfant, j’ai commencé à bas âge. J’avais dans un premier temps débuté avec le football, avant de taquiner le basket-ball. Par la suite, j’ai commencé à pratiquer le rugby que j’aime beaucoup d’ailleurs. C’est avec cette discipline que j’ai eu ma première licence officielle en tant que sportif. C’était vers la fin 2007, début 2008. Et j’ai continué à faire du rugby jusqu’ en 2014 où j’ai eu à rencontrer Me Insa Diop. Il était un jour venu à notre entraînement et m’a fait savoir qu’il allait ouvrir une salle consacrée aux arts martiaux. Il m’a suggéré de passer pour voir ce qu’ils font. J’ai assisté à une première séance et cela m’avait beaucoup intéressé. Je me suis inscrit et j’ai commencé à faire du Hapkido. Je suis devenu ceinture jaune en 2015, avant de décrocher mon premier combat en MMA. J’avais comme adversaire un certain Khouma. Par la grâce de Dieu, j’avais remporté ce combat.

Entre-temps, vous avez laissé le rugby pour le MMA ?

Jusqu’à présent, je pratique le rugby. J’ai même eu à participer à la dernière finale de rugby à sept. Le sport me fait vivre. Quand j’ai entendu parler du MMA, je me suis lancé. C’était juste pour voir à quoi cela ressemblait. Mais par la suite, cela m’a beaucoup fasciné. C’était très intéressant et je suis quelqu’un qui aime la compétition. J’aime le sport et les défis. Il est parfois bien de se mesurer aux autres. Ce qui te permettra d’évaluer les enseignements que les gens te donnent. A l’heure actuelle, j’ai du mal à me situer. Je ne peux pas dire que je préfère une telle ou telle discipline. Je peux dire que je suis un compétiteur. Pour le moment, j’arrive à pratiquer toutes ces disciplines, sans le moindre problème. J’ai aussi eu à faire du lancer de poids au niveau de l’AS Douanes. J’ai eu à participer aux deux dernières saisons, avant d’arrêter cette année.

Dans quelle discipline vous vous sentez le mieux ?

J’aime tout ce qui est sport. Quand je vois quelque chose, je n’hésite pas à me lancer. Pour vous dire la vérité, ce sera difficile pour moi de choisir une discipline au détriment d’une autre. J’aime toutes les disciplines et j’arrive à les pratiquer sans grandes difficultés. Et je rends grâce à Dieu car ce n’est pas évident. Elles ne sont pas toutes pareilles, mais je peux aussi dire que je me sens très bien aussi bien en rugby qu’en MMA.

Quelles doivent être les aptitudes d’un bon combattant de MMA ?

C’est une discipline trop exigeante. Pour être un combattant en MMA, il faut avant tout avoir un mental d’acier et physiquement outillé. C’est le ring qui est essentiel et c’est de là-bas que les gens verront des actions fortes. Sur le ring, il faut être mentalement fort. Dans la vraie vie, l’homme peut être doux pour vivre avec ses semblables. Mais sur le ring, il faudra une autre posture. Il faut parvenir à faire la différence entre ces deux cas de figures. La vie sur le ring n’a rien à voir avec celle en famille. Un combattant MMA a besoin d’une bonne masse musculaire. C’est elle qui permet à la personne de tenir. Le combattant est appelé à donner des coups, mais aussi à en prendre. Et pour supporter et garder ses jambes, il faudra être apte physiquement. Le cas échéant, il y aura des dégâts collatéraux. Je peux dire que la masse musculaire est en quelque sorte la protection du combattant.

Un combat nécessite combien de temps de préparation ?

Au niveau de la préparation, ce n’est pas compliqué. Dès l’instant que le combattant est informé du nom de son adversaire, de sa catégorie, il peut débuter son travail. Selon les qualités de l’adversaire, je pense que trois bons mois de préparation peuvent suffire. Cela peut même être moins que ça. Mais dans l’ensemble, je pense qu’un athlète doit toujours être prêt, même s’il y a toujours des derniers réglages. En MMA, le physique est la base. C’est lui qui permet au combattant d’amortir les coups. Il y a certes le côté technique, mais sans le physique, il lui sera impossible de faire usage de sa technique. C’est le physique qui favorise  l’enchaînement et la résistance.

A quand remonte votre premier combat?

Mon premier combat remonte à 2015. J’avais comme adversaire un certain Khouma. Ce n’était pas du tout évident. J’avais l’habitude de faire des combats en Hapkido. Mais quand on m’a informé que j’allais combattre en MMA, j’avais quand même senti une certaine lourdeur en moi. Il y avait la pression et c’était mon premier combat. Je ne connaissais pas mon adversaire, mais nous étions de la même catégorie au niveau du poids. En plus, mon adversaire était ceinture rouge et les gens parlaient beaucoup de lui. J’étais ceinture jaune, avec seulement un an d’expérience dans les arts martiaux. Mais j’avais un maître qui ne négligeait rien dans sa manière de faire. Il me consacrait beaucoup de son temps, car j’étais l’un des espoirs de la salle. J’avais eu une bonne préparation et ils m’avaient tous aidé à surmonter l’épreuve. Avant de rencontrer mon adversaire, j’ai eu le temps d’observer ses deux premiers combats et je me suis fait une idée de ce que je devais faire. Et par la grâce de Dieu, nous avions eu la victoire.

Quel a été le combat le plus difficile de votre carrière ?

Je suis à six combats pour autant de victoires. Je peux dire que  le combat le plus difficile de ma carrière a été celui livré lors du Gala international de 2018 contre un Camerounais.

Quel regard portez-vous sur le MMA au Sénégal ?

Au Sénégal, le MM rencontre certaines difficultés, notamment du côté financier. C’est une discipline qui demande des moyens. Et puisque ce n’était pas une discipline connue des Sénégalais, les sponsors ne viendront pas spontanément. Toutes les initiatives que nous voyons au niveau local, c’est l’Association MMA Sénégal qui l’organise. Elle prend tout en charge, sans l’aide de personne. Les sociétés cherchent certes de la visibilité, mais pensent que le MMA n’est pas aussi solide pour leur offrir cela. Alors que c’est le contraire. C’est une discipline qui gagne du terrain et qui est suivie un peu partout dans le monde. Et nous avons la ferme conviction que ce sport va s’imposer.

Pourtant les acteurs de la lutte semblent s’opposer à cette discipline

Le MMA  est différent de la lutte pratiquée chez nous. La discipline est beaucoup plus structurée. Ce n’est pas la même chose. Certains acteurs de la lutte avec frappe sont contre l’implantation du MMA au Sénégal. Comme argument, ils disent que cette discipline va tuer la lutte. C’est vrai, mais qu’elle lutte le MMA va tuer ? Comme vous le savez, la lutte traditionnelle fait partie de la culture sénégalaise. Elle est pratiquée un peu partout dans le pays et je ne pense pas que le MMA puisse avoir les moyens de la tuer. La manière de la pratiquer n’a rien à voir avec le MMA. Au contraire, c’est la lutte avec frappe qui est plus proche du MMA. Peut-être qu’elle va en faire les frais. Comme vous le savez, il y a beaucoup d’écuries au Sénégal. Mais au niveau de chaque écurie, un ou deux lutteurs seulement vont émerger. Et tous les autres qui restent à ne rien faire, il y a le MMA pour les sauver. Et je pense même que ceux qui gèrent ces écuries devraient y penser.

Peut-on avoir une idée des cachets au niveau du MMA ?

Tout comme la lutte, en MMA, il y a un manager. C’est lui qui s’occupe de tout ce qui tourne autour du combattant. C’est lui aussi qui fait la promotion de ce dernier. Pour les cachets aussi, c’est comme la lutte, mais avec une légère différence. Comme vous le savez, le MMA est international, alors que la lutte avec frappe se limite pratiquement au Sénégal et c’est le francs Cfa qui est utilisé. Ce qui est le contraire du MMA où on utilise l’euro ou encore le dollar. Les cachets, c’est en fonction des niveaux tout simplement. Cela grimpe, en fonction de l’évolution de ta carrière et de tes performances.

Quelles sont vos ambitions dans le MMA ?

Mon ambition est d’aider l’Association MMA Sénégal dans sa volonté de faire connaître la discipline dans le pays. Mon souhait est de voir un jour une fédération de MMA au Sénégal, avec des combattants qui participent à des compétitions au niveau international. Notre ambition est de montrer aux jeunes que c’est possible que cette discipline soit leur gagne-pain, mais aussi un facteur de développement.

Quel est votre quotidien avec le couvre-feu suite au Covid 19 ?

Nous sommes dans une période difficile avec cette maladie, mais je peux dire que je suis en phase de récupération. Je parviens à m’entraîner, même étant chez moi. Un sportif régulier doit profiter de cette période pour bien récupérer. Et je pense aussi que ces quelques jours ne peuvent rien diminuer chez un sportif régulier. Ils doivent juste s’organiser et trouver un petit espace pour faire du maintien à la maison. Nous prions Dieu que la situation revienne à la normale et que chacun puisse reprendre ses activités. Nous suggérons aux uns et aux autres de respecter les consignes, mais surtout d’écouter les spécialistes.

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