Champion du monde avec les U17 français (2001), Jacques Faty avait par la suite opté pour l’équipe nationale du Sénégal. Passé par le Stade Rennais ou encore l’Olympique de Marseille, le milieu défensif (parfois en défense centrale) a connu la Ligue des Champions avec le club phocéen. Dans un entretien audio accordé à PKFOOT, il a évoqué son confinement, son passage à Wuhan (ville chinoise connue pour être le point de départ du Covid-19) ou encore le championnat australien dans lequel il a eu à jouer. Le frère aîné de Ricardo Faty (lui aussi ancien international sénégalais) a salué la mémoire de feu Pape Diouf, celui-là même qui l’avait fait venir à Marseille.
La vie avec le confinement
« Je pense que c’est une nouveauté pour moi et pour nous tous d’ailleurs. Ce n’est pas une habitude pour moi de rester souvent à la maison. J’avais l’habitude de sortir, de faire ce que j’aime, c’est-à dire le sport, le football en plein air. Même si j’ai arrêté le football professionnel, je suis dans une académie en Turquie. Et j’avais l’habitude de passer du temps dehors. Mais ce n’est pas aussi si mal. Cela me donne le temps de lire, de rester avec ma famille. »
Souvenirs de ses premiers matchs en professionnel
« Je garde de très bons souvenirs. Je n’oublierai jamais mon premier match avec le Stade Rennais. Je n’oublierai jamais ces moments-là. Il y a des matchs où j’avais eu à faire de grosses performances. Et ce sont des souvenirs que je garde. Je ne vais pas aussi oublier ma signature à l’Olympique de Marseille. J’ai une grande pensée pour Monsieur Pape Diouf qui nous a récemment quittés, suite à ce coronavirus. C’est lui qui m’avait emmené à Marseille. Il m’a fait confiance et j’en suis vraiment reconnaissant. »
Jouer la Ligue des champions à Marseille
« Déjà le fait de porter le maillot de l’Olympique de Marseille est une grosse satisfaction. C’est un club historique et c’était un rêve qui s’était concrétisé. Jouer la Ligue des Champions et le titre avec l’OM, c’est tout simplement inoubliable. Je pense que nous avions terminé à la deuxième place en championnat. Tous ces moments marquent à jamais le footballeur. Et je ne vais jamais oublié ces moments. »
Son expérience à Wuhan
« J’ai eu à jouer durant deux ans et demi à Wuhan, deux ans pour être précis. J’ai beaucoup d’amis là-bas. Et je suis toujours en contact avec certains. Parfois quand j’étais en Chine, il m’arrivait de retourner à Wuhan. Je suis triste que cette ville soit touchée par ce virus qui a fini de se propager dans le monde. Mais je pense qu’aujourd’hui, ils s’en sortent petit à petit. Ils ont passé deux ou trois mois de confinement. Et là, ils reprennent doucement la vie normale. »
Le passage en Australie
« Si nous devons comparer le championnat australien, je penserais plutôt à la Ligue 2 en France. Ce n’est pas un championnat extraordinaire. Par contre, la vie là-bas est remarquable. Moi j’étais à Sydney et pour ceux qui veulent voyager, visiter l’Australie, je leur conseille d’y aller. C’est un pays extraordinaire. Mais au-delà de ça, le niveau du football n’est pas aussi élevé que ça. C’est pourquoi j’avais quitté pour la Chine. »
Rennes en Ligue des Champions
« Cela montre tout simplement que le club a bien travaillé, a bien progressé. Je pense que c’était cohérent, même s’il y a des choses à revoir. Mais Rennes a montré un bon visage jusque-là. A notre époque, ce n’était pas aussi mal. Mais les progrès sont énormes ces trois dernières années avec la coupe de France remportée. Cela montre que le club progresse. Et j’espère qu’ils vont participer à une coupe d’Europe. »
Le joueur qui l’a le plus impressionné
« Durant ma carrière, j’ai eu à côtoyer de talentueux joueurs. Parmi ceux qui m’ont le plus impressionné, je peux citer Mourad Meghni ou encore Abou Diaby. En ce qui concerne Mourad, c’était très grave. Au niveau technique, c’était exceptionnel. On avait encore beaucoup d’autres dont le talent était connu de tous, mais qui n’ont pas la carrière qu’ils devaient avoir. »
Le joueur en qui il se reconnaît
« J’aime bien Alexandre Djiku de Strasbourg. C’est quelqu’un que j’ai vu évoluer depuis Bastia, avant même son arrivée à Strasbourg. Et sa carrière se résume un peu comme la mienne. Il joue souvent milieu défensif et c’était le cas pour moi au Stade Rennais. Je suis par la suite revenu en défense, tout comme lui. C’est un très bon joueur et je me vois bien en lui. J’espère qu’il fera mieux que moi en carrière. »
Les projets à venir
« Pour les projets, il y a déjà le PSG Académie. J’avais comme principal objectif d’ouvrir une académie sur le territoire turc. C’est désormais chose faite. Maintenant, il faudra faire tourner et cela demande beaucoup d’énergie, beaucoup de temps. Et là, avec le confinement que nous vivons, l’Académie est fermée. J’ai aussi une plateforme dont le but est de permettre aux gens de s’aider. J’ai arrêté le football depuis trois ans maintenant. Je ne peux continuer à aider les gens de la même manière. Donc, autant créer cette plateforme qui sera bénéfique pour moi et pour les autres. »
Ses livres préférés
« J’ai beaucoup de livres qui touchent à la spiritualité. En tant qu’Africain et panafricain, les livres que j’arrive à lire se rapprochent plus de l’Afrique. Étant jeune africain en France, on nous avait caché beaucoup de choses sur les réalités africaines. L’Afrique ne se résume pas seulement à l’esclavage ou au sous-développement. En ce qui me concerne, je m’intéresse à l’histoire de l’Afrique, de la préhistoire à la colonisation. Pour gagner un peu de temps, je m’informe. Je m’instruis pour connaître beaucoup de choses sur tout le monde, mais pas assez sur nous-mêmes. »
Le match de football à revoir
« Ce sera compliqué, car depuis que j’ai quitté les pelouses, je suis un peu en retrait. Mais si je devais revoir un bon match de football, ce serait sans doute la finale de l’Euro 2000 entre la France et l’Italie. C’était un excellent match et il m’avait marqué en tant que footballeur. Ce fut un moment inoubliable. »
Des conseils aux jeunes
« Si j’ai des conseils à donner aux jeunes, c’est avant tout de leur demander de se déconnecter des réseaux sociaux. Certains d’entre eux veulent ressembler à Neymar, Mbappé ou encore Cristiano Ronaldo. Je peux comprendre, mais eux, ce sont des cas exceptionnels. Eux, leur vie est liée au football. Ils mangent foot, ils dorment foot, ils se réveillent avec le foot. Ils peuvent certes y arriver un jour, mais ce n’est pas en restant derrière les réseaux sociaux. Je pense qu’il y a un travail de fond qui doit être fait, loin des réseaux sociaux. Il faudra beaucoup de travail, d’humilité surtout. Même avec ça, la personne n’est pas certaine de réussir. Mais il y a des efforts à faire pour au moins prétendre réussir. Mon conseil, c’est de leur demander de se détacher de tout ce qui est le paraître et de se mettre à travailler dès maintenant. »
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