Les données disponibles sur le Covid-19 ont montré que les personnes âgées sont davantage susceptibles de souffrir de complications graves et potentiellement fatales en cas d’infection par le coronavirus.
Dans notre pays, nos réalités socioculturelles font que ces personnes âgées ne sont pas dans des maisons de retraite. Elles ne vivent pas, non plus, seules dans leur maison après s’être affranchies de leur progéniture.
Les personnes âgées vivent avec enfants et petits enfants.
Et le plus souvent ce sont les petits enfants qui tiennent compagnie à leurs grands parents. Ce sont eux leurs compagnons, leurs amis. Ce sont eux qu’ils couvrent de câlins et d’attention. C’est à eux qu’ils permettent d’accéder à leur intimité et à leur espace de vie.
Ils sont ainsi exposés quand leurs compagnons sont exposés car nous sommes dans le cadre d’une contamination interhumaine.
Ouvrir les classes le 2 juin c’est également ouvrir le cocon familial au virus, le temps d’un aller-retour à l’école. Et ceci au moment où le ministère de la Famille, à travers son secrétaire général, annonce plus de 50 enfants infectés par le COVID-19 au Sénégal.
Encore une fois nos décisions sur la gestion du Covid-19 doivent prendre en compte nos réalités socioculturelles et non s’inscrire dans une logique de mimétisme incompréhensible.
D’ailleurs quelle est cette idée de croire que les enfants feront mieux que les adultes en termes de respects des règles ?
Comment des enfants pourront-ils mieux se comporter que des adultes ? Où trouveront-ils ce don d’être plus conscients et plus respectueux des règles que leurs parents à qui on gave d’interdits ?
L’Etat n’aura pas les moyens de créer une exception avec des enfants plus qu’avec des adultes dans le cadre du respect des mesures barrières.
Et quelle est cette logique qui permet d’empêcher à des parents de travailler et de leur imposer parallèlement à s’assurer que leurs enfants soient dans les conditions de regagner l’école ?
Quelle est cette logique qui permet d’interdire aux croyants de prier dans les mosquées et les églises pour ensuite autoriser leurs enfants à s’agglutiner dans des salles de classe ?
Quelle cohérence voudrait qu’il soit demandé à des marchands de ne travailler que deux fois dans la semaine tout en permettant à leurs enfants et ceux d’autres, d’étudier côte à côte, sur tout le territoire nationale, cinq jours dans la semaine ?
Il est temps de sortir de ce cafouillage gouvernemental. Tourner en rond tout en prenant des décisions contradictoires risque de nous installer dans un tournis infernal, préjudiciable à notre économie et à notre paix sociale.
Il faudra organiser la reprise des activités économiques, développer une stratégie globale de distanciation sociale et de port obligatoire du masque.
La reprise des cours ne doit être envisagée que lorsqu’on aura bien avancé sur une politique claire de respect de la distanciation sociale et sur la maîtrise de l’évolution du virus.
Il est temps d’AGIR avant qu’il ne soit trop tard.
Thierno Bocoum
President du mouvement AGIR
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