novembre 24, 2024

IRATV – ISSN 2730-437X

Me Augustin Senghor, Pdt FSF : « On estime que j’ai un profil pour diriger la CAF »

Diriger la Confédération africaine de football (CAF) n’est pas un projet immédiat pour Me Augustin Senghor. Malgré les compliements de ses paires, le patron du football sénégalais préfère se focaliser sur son travail. Dans cette seconde partie de son passage à la « Tribune de l’ANPS », le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF) a abordé plusieurs questions dont la fin de son mandat, la Can 2021, la nécessité d’une co-organisation pour les prochaines échéances, mais aussi les performances du Sénégal, à travers ses différentes catégories.

Président, votre mandat se termine en août 2021. Serez-vous candidat à votre propre succession ?

J’ai été élu pour un mandat de quatre ans. Et il me reste à peu près 15 mois, durant lesquels je suis tourné vers mon travail, ma mission et engagements que j’avais pris depuis 2017.  Je pense que beaucoup d’entre eux ont été faits, même s’il en reste encore. Il y a de grands chantiers et notre objectif ce n’est pas de savoir si on reste ou on part. Ce qui nous intéresse, c’est de laisser un legs aux générations futures et aux futurs dirigeants, des acquis qui leur permettront de maintenir les progrès en cours. Les générations futures diront que l’actuelle équipe dirigeante a  laissé sur place une bonne organisation, des infrastructures des équipes compétitives pour pouvoir rester le plus longtemps possible au sommet du football africain. Mais aussi pour glaner des trophées, rattraper le temps perdu depuis les indépendances. Ma candidature, ce n’est pas ce qui compte. Je suis focus sur ma mission et mon travail. J’ai toujours eu à bénéficier de la confiance des acteurs du football et des autorités du pays. Sinon, je n’aurais pu rien faire. Tout ce qui a été fait, ce n’est pas ma personne qui a compté. Mais c’est le travail de toute l’équipe fédérale dans l’union. Tout n’a pas été toujours rose. C’est normal aussi, car quand on a une méga fédération. Nous sommes l’une des fédérations les plus importantes en nombre de membres, avec près de 400 membres. Tout ne peut pas être sur un fleuve tranquille. Il y a des hauts et des bas. Mais tout le monde a tiré dans le même sens. C’est pourquoi nous sommes arrivés à ces résultats probants. C’est sur ça qu’il faudrait se fixer.  Installer un débat sur des candidatures ou des élections, ce serait nous détourner de l’essentiel. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Je pourrais m’adresser à qui de droit le moment venu, ceux qui m’ont confié leur mandat pour leur dire. Ce sera aux alentours de l’assemblée élective de 2021.

Avec tout ce que vous avez comme chantiers, certains estiment que vous devez rester pour achever le travail….

Ça me fait plaisir que certains pensent que je dois continuer le travail. Je crois aussi que nous sommes dans la continuité. Chacun a une durée de vie sur terre et au niveau de ses fonctions. L’essentiel est de travailler chaque jour comme si on devait être la pour l’éternité, afin de servir la communauté. Mais tout en ayant en tête qu’on peut partir à tout moment. Je suis rentré dans cette maison de la présidence de la FSF avec mon fagot que je n’ai jamais détaché. Il y a eu tellement de crises ou j’aurais dû partir. Je me dis que je suis un miraculé. En même temps, j’ai gardé mon fagot et j’ai commencé une maison, comme si je devais y rester une éternité.  Rester une éternité, c’est d’y être le plus longtemps possible, mais aussi de partir tout en laissant un héritage à ceux qui suivront pour qu’ils continuent à bâtir cette maison.

Plusieurs observateurs voient en vous un profil intéressant pour  diriger la CAF ?

On estime que j’ai un profil intéressant pour diriger la CAF. Ça se dit, j’entends ça. Mais j’ai eu à me prononcer là-dessus. Je reste sur mes principes qui veulent que je sois quelque part pour apporter ma contribution au côté d’autres. Chacun a son rôle et j’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice. Le jugement des autres est important pour chaque être humain. Mais, l’essentiel est de rester sur ses principes et de travailler pour l’intérêt général. Notre sort n’est pas le plus important. Mais je crois fortement aux destins. Les destins sont écrits pour chacun d’entre nous. Laissons le destin faire son chemin et ses choix. Demain, on saura ce qui adviendra. Ce qui est important pour moi, c’est que je ne me couche jamais en pensant à un poste de président de la CAF. Par contre, je me couche tous les jours en pensant à une CAF rayonnante. Et j’y travaille aux côtés du président Ahmad Ahmad pour bâtir un football africain fort. C’est ça notre objectif. Et nous y travaillons et sans aucune ambition personnelle. Le travail est toujours sanctionné positivement ou négativement. Tout le monde ne sera pas président de la CAF. C’est un poste prestigieux, mais chacun a son destin et son mérite. Il ne faut pas oublier qu’être président de la CAF demande un investissement beaucoup plus important que celui de président de Fédération. Au-delà de la volonté individuelle, il faut le backing de tout un pays, d’un Etat, d’un gouvernement car il s’agit de conquérir des voix. Je ne suis pas dans ce projet. Je suis dans le projet de jouer pleinement mon rôle dans le Comité exécutif, avec les responsabilités nombreuses qui me sont confiées.

Du fait de la pandémie, pensez-vous que la date de la CAN 2021 sera maintenue ? 

En tant membre du Comité exécutif et vice-président de COCAN, il me sera difficile de vous donner mon avis. Je suis soumis à une certaine réserve. Je dirais simplement que nous sommes confrontés à une pandémie qui porte atteinte à toutes les compétitions internationales, non seulement de la FIFA, mais aussi celles des Confédérations, dont la CAF.  Cette CAN qui devait voir ses éliminatoires se terminer dans quelques mois est assez compromise. Il sera difficile de trouver les fenêtres FIFA nécessaires pour terminer quatre journées d’éliminatoires. De plus en plus, ce débat se pose au sein de l’opinion internationale et au niveau de la CAF. Je sais que dans les prochains mois, le Comité exécutif se prononcera, en relation avec la partie camerounaise. L’objectif, ce n’est pas d’organiser une CAN pour le simple besoin. Mais c’est d’en faire une fête du football africain, avec tout le cachet qu’on connaît depuis des décennies.  Il est important qu’on veille à cela. Mais il faut aussi noter qu’à l’impossible, nul n’est tenu. Si les conditions ne nous permettent pas de finir les éliminatoires, si la pandémie n’est pas assez jugulée  pour qu’on puisse organiser une CAN avec du public, les équipes qui devraient se déplacer avec leurs supporters, au niveau de la rentabilité que le pays hôte puisse en bénéficier, ce ne sera pas la peine. Dans ce cas, il faudrait qu’on se rende à la raison et qu’elle soit reportée à l’été 2021 ou janvier 2022. Je pense que c’est de ça qu’il s’agit.

On parle aussi d’une éventuelle co-organisation de la CAN 2025 avec la Guinée. Quelle est la position de la FSF?

Je dois d’abord dire clairement que la CAN 2025 a été attribuée à la Guinée et non pas aux deux pays. Aujourd’hui, nous n’avons pas les cartes en main. Et c’est la Guinée qui doit dire si elle est prête ou non à organiser seule ou à s’ouvrir à d’autres pays. Je me suis prononcé une fois sur cette question en disant que ce serait une excellente chose de le faire. Notre président et son gouvernement ont mis en branle un certain nombre de projets qui nous permettront d’avoir 4 ou 6 stades internationaux, sans parler de la réfection de Demba Diop. C’est autant de facteurs qui montrent que le Sénégal se prépare pour organiser dans quelques années. Si c’est une co-organisation sera plus légère, il ne faut pas oublier que cette CAN quand on la donnait à la Guinée, c’était avec 16 équipes. Maintenant, c’est 24. C’est lourd pour n’importe quel pays africain à l’exception de deux ou trois. Il faut que nous Africains, qu’on puisse avoir l’humidité de faire les choses ensemble. Des pays gigantesques comme les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont décidé de se mettre ensemble pour la Coupe du monde 2026. L’Afrique devrait le faire pour une CAN à 24 et la CAF pourrait infléchir les pays qui ne remplissent pas ces critères d’aller vers cette option. Cette CAN à 24 n’aura de sens que si on arrive à pousser les pays voisins à aller vers des co-organisations. Je suis certain que ça sera de belles fêtes, des CAN bien organisées ou les vols seront distants d’une à deux heures. Chaque pays pourra se doter d’infrastructures et avoir un héritage post CAN pour pouvoir développer son football. Je pense que c’est l’avenir de cette CAN, si on veut la maintenir à 24 pays.

Les sélections nationales se comportent bien, contrairement au foot local…Qu’est-ce qui l’explique ?

C’est le paradoxe qu’on vit au Sénégal. Pendant trop longtemps, on se plaignait des résultats de nos équipes nationales. On était inexistant en petites catégories et on allait de déception en déception concernant l’équipe nationale A. Aujourd’hui, l’équipe A domine le classement africain depuis 3 ans, les petites catégories et le foot féminin gagnent, le Beach Soccer rayonne. Mais, nos équipes locales sont éliminées au niveau des compétitions africaines. Le financement du football professionnel au Sénégal pose problème. Il faut reconnaître que le tableau n’est pas noir. Nous jouons des championnats réguliers, avec  la participation de toutes les équipes. Le football se joue sur l’ensemble du territoire national. On voit la naissance de nouveaux clubs et il faut noter cette régularité. C’est vrai que notre football n’est pas encore productif sur le plan financier et commercial pour construire des équipes fortes. Et il est important qu’on repense à tout ça, en se basant sur le modèle de club que nous voulons. Je pense qu’avant de penser à un modèle de championnat local, nous devons d’abord bâtir des clubs forts. Il faut s’asseoir et voir le meilleur format. Je pense qu’on doit travailler à assurer de grands ensembles pour avoir des clubs forts et structures. Pourquoi ne pas avoir des fusions entre des clubs traditionnels et des clubs d’entreprises, surtout insister pour injecter de l’argent dans le football professionnel.

L’équipemntier Puma continuera-t-il d’accompagner les « Lions » ?

Je pense que nous avons les plus beaux maillots d’Afrique. En plus, la demande est forte. Il faut rappeler que nous avons signé avec « Puma » avant la Coupe du monde. On était obligé de travailler sur l’existant et non pas de créer un maillot spécifique. Nous avons fait des choix avec « Puma » sur des lignes de maillots que nous avons validé ensemble. Nous avons conçu de nouveaux maillots et ils auraient dû être présentés durant le premier trimestre de 2020. Mais le coronavirus est passé par là. Ces maillots en principe sont prêts et nous aurons la nouvelle ligne très bientôt. Je peux vous garantir que ce sont de jolis maillots et les Sénégalais apprécieront. 

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