mars 9, 2025

IRATV – ISSN 2730-437X

Les chroniques de la participation citoyenne( 74 )


Sénégal : La transformation systémique ou l’échec assuré
Le Sénégal est à un tournant décisif. La nécessité d’une transformation systémique ne fait plus débat. Le constat est implacable : notre modèle de gouvernance, notre économie, notre système éducatif et nos institutions sont à bout de souffle. Mais cette mutation, tant attendue et souvent promise, ne se fera pas avec les mêmes recettes usées jusqu’à la corde, ni avec les mêmes compromissions qui ont condamné des générations entières à l’attentisme et au désenchantement.
Les réformes cosmétiques et les discours bien rodés ne suffisent plus. Le vrai combat aujourd’hui n’est pas celui des slogans creux, mais celui des idées qui dérangent, des réformes radicales et des ruptures nécessaires pour briser le cycle de la médiocrité institutionnalisée.
Le mirage des fausses réformes : Un jeu de dupes
Depuis des décennies, les dirigeants sénégalais vendent du rêve sous forme de « plans d’émergence », de « stratégies de développement » et de « programmes d’inclusion sociale ». Pourtant, la réalité est têtue : les inégalités se creusent, la jeunesse désespère, et le pays continue de fonctionner avec des structures archaïques inadaptées aux défis contemporains.
Comment peut-on parler de transformation systémique quand :
L’éducation, au lieu d’être un outil d’émancipation, est devenue un mouroir de talents où les jeunes sont formatés pour un marché du travail qui n’existe plus ?
L’économie reste capturée par des monopoles et une classe dirigeante qui se sert avant de servir ?
La gouvernance est gangrenée par l’impunité, le clientélisme et la gestion patrimoniale de l’État ?
Nous avons trop longtemps vécu dans le mensonge du changement sans rupture, des ajustements sans courage, des promesses sans actes. La transformation ne viendra pas d’une simple alternance politique ou d’un recyclage d’élites. Elle exige un choc de lucidité, un réveil collectif et un démantèlement sans concession des pratiques rétrogrades.
Trois ruptures fondamentales pour un Sénégal nouveau

  1. La révolution de la pensée : en finir avec le formatage mental
    Tant que nous continuerons à penser petit, à accepter la fatalité et à nous contenter de miettes, nous resterons prisonniers de la médiocrité. Le changement commence par la décolonisation de nos esprits.
    Nous devons en finir avec :
    La sacralisation aveugle des modèles économiques importés, inadaptés à nos réalités.
    L’obsession du diplôme au détriment de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
    Le mépris des savoirs endogènes qui peuvent pourtant être le socle d’un développement authentique et durable.
    L’heure est venue d’instaurer une pensée souveraine, audacieuse, qui refuse les solutions prémâchées et impose une nouvelle dynamique basée sur nos propres ressources, nos propres talents et nos propres réalités.
  2. Une refonte totale du contrat social : L’État au service du peuple, pas d’une élite
    Le Sénégal n’a pas un problème de ressources, il a un problème de volonté politique et de priorisation. Pendant que des milliards disparaissent dans des détournements, des surfacturations et des privilèges indécents, les Sénégalais ordinaires peinent à accéder à des services de base dignes de ce nom.
    La transformation systémique passe par :
    Une réforme radicale de la gouvernance, basée sur la transparence, l’efficacité et la reddition de comptes.
    Une justice indépendante et implacable contre la corruption et le détournement des fonds publics.
    Un État stratège, qui cesse d’être un simple régulateur et devient un acteur central du développement, en impulsant des politiques économiques ambitieuses et inclusives.
  3. L’investissement massif dans l’humain : la véritable richesse du Sénégal
    Nous devons sortir de cette logique où l’humain est vu comme une variable d’ajustement budgétaire. Un pays qui n’investit pas dans son capital humain est condamné à l’échec.
    Cela passe par :
    Une éducation repensée, qui valorise les compétences pratiques, l’entrepreneuriat et l’innovation, au lieu de produire des diplômés sans débouchés.
    Un système de santé accessible et performant, car on ne peut bâtir un pays prospère avec une population malade et vulnérable.
    Un accompagnement efficace des jeunes et des entrepreneurs, pour qu’ils cessent d’être des laissés-pour-compte du développement.
    Le choix entre la transformation ou la faillite collective
    Nous sommes à un moment de vérité. Soit nous avons le courage de la rupture, soit nous acceptons l’effondrement progressif d’un système à bout de souffle. Il n’y a pas de voie intermédiaire.
    La transformation systémique ne viendra pas d’un miracle, ni d’un énième programme creux. Elle viendra de notre capacité à penser différemment, à agir avec audace et à refuser l’inacceptable.
    Le Sénégal n’a pas vocation à être un pays éternellement en transition. Le temps du sursaut est venu. Ceux qui veulent le changement doivent se lever, parler et agir. Car l’histoire ne pardonnera pas la passivité.

Sénégal, il est temps d’écrire un nouveau chapitre. Le dernier avertissement a sonné.

Alioune Ndiaye Expert en développement international Écrivain Militant de la Transformation Nationale
aliounendiayeecrivain@gmail.com

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